[CINÉMA] Spring Breakers (2e avis)

Aujourd’hui, je vous donne mon deuxième avis « à froid » sur le film Spring Breakers, réalisé par Harmony Korine et sorti en mars 2013 en France. Vous pouvez d’ailleurs lire mon premier avis « à chaud » sur le film ici. À l’époque, je ne savais pas quoi en penser, dans le sens où je ne m’attendais pas au résultat final. Depuis, je l’ai revu plusieurs fois et les visionnages sont mieux passés. Je souhaite donc vous en reparler, car j’ai plein de choses à vous dire à son propos.

Déjà, ce film m’émerveille toujours autant par son esthétique unique en son genre. Harmony Korine a vraiment travaillé la forme de son long-métrage, aussi bien la photographie (chaque scène a son propre univers coloré) que le montage (qui peut être déroutant au début, mais qui contribue bien à la description psychologique des héroïnes). Sans oublier la bande originale composée conjointement par Skrillex et Cliff Martinez. Vraiment, je ne me lasserai jamais de Spring Breakers pour sa beauté visuelle.

Ensuite, le film d’Harmony Korine livre une critique intéressante de la société américaine. Cette société qu’on nous présente d’emblée comme n’étant pas parfaite. On voit ainsi de jeunes étudiants empêtrés dans l’ennui de leur existence réglée à la minute, à la recherche de sensations fortes (ici, le Spring Break). En attendant, c’est le sexe, la drogue et l’alcool qui permettent à la jeunesse américaine de s’évader de son quotidien morose. À ce niveau-là, le long-métrage de Korine est très d’actualité. Ce sont ces sensations que recherchent les quatre héroïnes de Spring Breakers.

Parlons justement de ces quatre héroïnes. D’un côté, on a Faith (Selena Gomez), la fille la plus sage du groupe, qui incarne l’Amérique puritaine outrée par le moins écart comportemental moral. C’est d’ailleurs la première de la bande qui sent venir les ennuis avec l’arrivée d’Alien (James Franco). De l’autre, on a Brit, Candy et Cotty (Ashley Benson, Vanessa Hudgens et Rachel Korine), aka l’Amérique qui se dévergonde et scandalise. Les deux premières vont d’ailleurs repousser les limites de leur excès de plus en plus loin. Quant à la troisième, c’est une sorte d’entre-deux. Elle suit Brit et Candy dans leurs délires dangereux (sans jamais en être actrice), mais comme Faith, elle atteint vite ses limites. Ce sont donc des héroïnes auxquelles on ne s’identifie pas forcément d’emblée pour leur imperfection apparente. Et c’est une bonne chose !

Les actrices n’ont ainsi pas été choisies au hasard. En effet, hormis Rachel Korine qui n’a jamais trempé dans ce milieu, les trois autres sont issues de l’univers Disney/teen pop. Spring Breakers casse donc clairement et volontairement leur image de filles sages, et ce, de manière habile. En passant, le film rend deux fois hommage à Britney Spears : une fois lorsque les filles chantent …Baby One More Time, une autre quand elles dansent avec leurs flingues sur Everytime. Ce qui n’est pas anodin : la première scène personnalise leur innocence pas tout à fait perdue (= Britney qui devient la fiancée chérie de l’Amérique puritaine mentionnée plus haut), la seconde leur déchéance assumée, mais pas totalement maîtrisée (= aka Britney, l’ex-fiancée chérie de l’Amérique puritaine, qui devient une lolita trash conspuée de tous). Certes, il y a de nombreux exemples où les ex-poulains de Disney ont eu besoin de provoquer pour changer leur image aux yeux du grand public, mais Harmony Korine a su aborder cette question de manière originale et frontale dans son œuvre.

Enfin, Spring Breakers reste un film très actuel sur les thématiques qu’il aborde. Et même si l’usage des réseaux sociaux est absent du long-métrage, la recherche de sensations fortes reste toujours aussi présente chez la jeunesse désabusée. Cette jeunesse qui recherche à tout prix la reconnaissance, quitte à commettre l’impossible et à se brûler rapidement les ailes (au sens figuré comme au sens propre). Bref, le film pourrait sortir aujourd’hui ou dans dix ans qu’il ne prendrait pas une ride à ce niveau-là (et pour son esthétique, mais je l’ai déjà dit dans le premier paragraphe).

Pour conclure, selon moi, Spring Breakers deviendra un film culte dans les années à venir pour tous les arguments que j’ai avancés dans cet article. Bon, c’est vrai que le scénario peu développé ne va pas vraiment en sa faveur. Mais je pense qu’il faut surtout tenir compte de la forme et des messages que Harmony Korine veut véhiculer à travers son long-métrage. En d’autres mots, je ne me lasserai jamais de revoir Spring Breakers, même s’il me déroutera toujours à chaque visionnage.

Et vous, que pensez-vous de Spring Breakers ? N’hésitez pas à me donner votre avis en me laissant un commentaire !

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