[LIVRE] Stéphanie Perez, La Ballerine de Kiev

Après Toronto d’Elisabeth Benoit, je vous parle d’un livre qui m’a laissé un gros sentiment mitigé : La Ballerine de Kiev. Ma sœur a eu d’ailleurs la même impression en le lisant. Donc au moins, on sera deux à le penser. Car en parcourant les avis en ligne, ils sont tous dithyrambiques. Peut-être, parce que ce roman traite de la guerre actuelle en Ukraine et que c’est un sujet d’actualité délicat ? Ou alors, parce que cette histoire a vraiment touché les lecteurs en plein cœur ? Je ne sais pas trop. Personnellement, je n’ai ni aimé ni détesté. Mais je pense que l’autrice aurait pu faire beaucoup mieux.

Pour moi, il y avait de meilleures façons de raconter cette histoire. Déjà, il y a beaucoup trop de personnages, la plupart étant inintéressants et pas attachants. En effet, l’autrice ne creuse pas assez leur psychologie et le pourquoi de leurs actions. Un exemple parlant qui me vient en tête est celui de Dmytro (le mari de l’héroïne) : la guerre éclate à peine qu’il se découvre un sens du devoir et du patriotisme (alors que ce n’est pas sa personnalité, à la base). Mais son « évolution » est résumée en une ou deux phrases et, hop, on passe à la suite ! C’est d’ailleurs un souci récurrent dans ce bouquin : dès qu’on commence à en apprendre plus sur tel ou tel personnage, c’est balayé d’un revers de main. Certes, ils vivent tous des situations difficiles — on parle de la guerre, quand même ! —, mais la manière dont elles sont décrites font qu’on passe à côté du sujet.

Ce qui me fait rebondir sur l’écriture : franchement, je n’ai pas trouvé ça super bien écrit. Ok, on sent que Stéphanie Perez a voulu varier les mots et les tournures de phrase, sauf que c’est maladroit. Et ça ne rend pas la lecture fluide, à mes yeux. Une phrase m’a particulièrement marqué : « Ses cheveux, aussi noirs que son âme, tremblent de rage sur ses épaules. » En gros, l’héroïne souffrait déjà beaucoup et vu qu’on ne le comprenait pas assez, on rajoute une « figure de style » pour bien augmenter l’effet pathos. Et c’est comme ça tout le temps. Là encore, ça m’a empêché de m’attacher aux différents personnages et à leurs cheminements respectifs durant la guerre.

En vrai, je pense qu’il aurait mieux valu se concentrer sur quatre protagonistes :

  • Svitlana, l’héroïne ;
  • Hanna, une petite fille orpheline ;
  • Oksana, une ballerine russe ;
  • Vadim, l’ancien rival de Dmytro.

Pour moi, ce sont les plus intéressants, surtout Hanna et Vadim. Ces derniers en bavent beaucoup et, pour le coup, ils ont une belle évolution tout au long du roman. J’étais d’ailleurs heureux qu’ils aient une seconde vie malgré la guerre. Concernant Oksana, le twist inattendu est bien trouvé, mais ça tombe limite comme un cheveu dans la soupe (même si l’autrice nous explique pourquoi elle a fait ça). Ça aurait été mieux qu’on le découvre au fur et à mesure, car, étant donné son vécu, il aurait été intéressant de jouer là-dessus. Enfin, pour Svitlana, les chapitres en italique — j’y reviens plus tard — sont (bizarrement) mieux écrits, vu qu’elle parle à la première personne (et qu’elle nous raconte pourquoi elle a voulu devenir ballerine). Et quitte à parler de son mariage avec Dmytro, autant le découvrir de son point de vue à elle.

Ce qui m’a plu également, c’est la partie sur la danse. On y découvre les coulisses du nouveau ballet que la troupe ukrainienne prépare pour son retour sur scène. Il y a d’ailleurs un débat intéressant — qui n’est développé que sur deux-trois pages, mais bon — sur le fait de séparer l’art de la politique : les danseurs n’ont plus le droit d’interpréter des œuvres russes. Pour le coup, j’ai été pris dans ma lecture et à chaque fois, j’avais envie de savoir la suite. Ça aurait même pu être un autre angle d’approche : raconter la guerre à travers la survie d’une troupe de ballet.

Enfin, le livre se lit très vite. Les chapitres sont divisés en deux catégories :

  • Ceux qui relatent l’existence des différents protagonistes à la troisième personne ;
  • Ceux qui racontent la vie de Svitlana à la première personne, en italique (on découvrira à la fin pourquoi).

Cette alternance donne ainsi un semblant de rythme au récit. De plus, j’ai bien aimé les notes de pages où l’autrice nous en apprend un peu plus sur l’Ukraine et sa culture. De même que son édito au début, sur la prononciation de « Kiev ». Quand j’y pense, elle aurait pu raconter ce qu’elle a vécu elle-même en tant que reporter de guerre. Peut-être que le résultat aurait été plus convaincant et qu’en tant que lecteur, j’aurais pu me sentir plus proche de ce que vivent actuellement les Ukrainiens. Car voilà, même si ce qui est décrit dans ce roman est (malheureusement) inspiré de la réalité, les défauts susmentionnés font que je n’ai pas assez trouvé cette histoire émouvante.

Donc voilà, tout n’est pas à jeter dans ce roman. Mais il y avait clairement matière à le rendre beaucoup plus impactant.

Et vous, avez-vous lu La Ballerine de Kiev de Stéphanie Perez ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? N’hésitez pas à me donner votre avis dans les commentaires !

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