Ce thriller commençait très bien et au final, je trouve que c’est un pétard mouillé. À vrai dire, j’ai du mal avec cette deuxième partie et cette conclusion un peu facile (même si c’est comme ça que les faits se seraient déroulés). C’est une histoire déjà vue et racontée mille fois sur grand écran et à la télévision (celle de la fille bourgeoise malheureuse et maltraitée par son père cruel, et qui se montre bonne avec la servante de la famille, avant de vivre une histoire interdite avec cette dernière). Elle aurait pu être racontée et mise en scène autrement, mais Craig William Macneill propose un film classique et polissé, élégant dans sa forme malgré tout.
J’ai beaucoup aimé la première partie de Lizzie. J’ai trouvé que la violence du père était très bien mise en avant, aussi bien avec sa fille (cf. quand il tue les pigeons qu’elle élève) qu’avec la bonne de la maison (cf. les nuits où il la viole). Jamey Sheridan est excellent dans son rôle et on aime le détester. Denis O’Hare joue bien également l’oncle avide d’argent et arriviste, et prêt à tout pour arriver à ses fins. Du côté des femmes, Chloë Sevigny est une tête d’affiche parfaite. On s’attache d’emblée à son personnage et, même si je ne la trouve pas très belle physiquement parlant, elle dégage tout de même un certain magnétisme devant la caméra. Kristen Stewart, elle, incarne un personnage qui lui va comme un gant : celui d’une jeune femme innocente et discrète. Cependant, elle est trop en retrait dans la seconde partie du film. Enfin, ça m’a fait plaisir de revoir Fiona Shaw à l’écran, bien qu’elle livre une performance tiède.
Hélas, le film finit par s’étirer en longueurs dans sa seconde partie. La romance lesbienne arrive un peu comme un cheveu dans la soupe. Personnellement, je n’ai pas cru à ce couple, Chloë Sevigny et Kristen Stewart n’ayant pas vraiment d’alchimie à l’écran. Quant à la révélation du meurtre, elle n’est pas crédible selon moi. Si on comprend pourquoi Lizzie Borden a tué son père (vu comment il la maltraitait), on ne comprend pas pourquoi elle tue sa belle-mère. Peut-être parce qu’elle ne l’a jamais acceptée ? Ou parce qu’il lui fallait aussi la tuer pour rendre davantage crédible son mobile la disculpant de leur meurtre ? On la voit pleurer à ce moment-là, mais ça reste flou. Au final, il n’y a aucune surprise, vu qu’on connaît la fin du film d’avance (si on a lu le synopsis ou qu’on s’est renseignés un peu sur l’affaire Lizzie Borden). Et le fait qu’elle soit acquittée, “car une fille de son rang n’aurait jamais pu commettre un tel double meurtre”, discrédite davantage cette histoire.
Enfin, le film a beau vouloir être féministe dans le fond, ça ne m’a pas touché plus que ça. À force de voir du féminisme chez Hollywood, j’ai fini par ne plus y croire (et à en avoir marre, surtout). Malgré tout, le message véhiculé est plus subtil que dans le dernier Charlie’s Angels (où Kristen Stewart joue également) : les hommes sont tous mauvais ou lâches dans ce film, mais c’est bien mieux expliqué que dans le film d’Elizabeth Banks (qui caricature cette problématique, mais c’est un autre débat).
En conclusion, c’est un thriller bien tiède. Il y avait de quoi faire pourtant. Restent la performance honorable des acteurs (même s’ils finissent eux-même par pâtir du scénario) et la reconstitution historique convaincante et esthétique (avec les décors et les costumes).
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