Deux ans après le très bon Valérian (dont je ne comprendrai jamais le four au Box-Office mondial), Luc Besson fait un retour aux sources avec Anna. Il use ainsi de la recette qui a fait sa renommée et on sait donc sur quel terrain l’attendre. Comme toujours, le film se fait descendre parce que c’est Luc Besson derrière la caméra. Moi, en tant que spectateur fan de son cinéma, mes attentes ont été comblées.
Bon, je vous le dis d’emblée : ce n’est pas le meilleur long-métrage du cinéaste français que j’ai pu voir. Ce n’est pas le pire non plus. D’ailleurs, quand j’y réfléchis, ce réalisateur ne m’a jamais vraiment déçu (même si certains de ses films m’ont marqué plus que d’autres). En ce qui concerne Anna, il a ses défauts — j’y reviendrai tout à l’heure —, mais il remplit sa part du contrat (notamment pour son scénario qui allie avec brio les allers-retours entre le passé et le présent). Sans oublier son casting trois étoiles et son personnage féminin fort, qui est la marque de fabrique désormais connue de M. Besson.
Je commence par le négatif : l’écriture
des personnages. Sur ce point-là, je conseillerais à Luc d’embaucher un (vrai)
scénariste. OK, je suis mauvaise langue, mais j’avais l’impression que les
personnages avaient été écrits par un ado de seize ans. D’ailleurs, ça me
rappelle le premier tome d’Arthur et les Minimoys et de son style
digne d’un mauvais élève de sixième. Bref, passons. Car pour nous
raconter le passé d’Anna, il aurait pu éviter le cliché de la fille russe qui a
perdu ses parents, et qui a sombré dans la drogue avant d’être récupérée par le
KGB. Oui, je vous ai déjà spoilé le premier tiers du film (mais pas le plus
intéressant, ne vous inquiétez pas). Et Alexander Petrov, qui joue son
ex-copain toxicomane, devrait aller prendre quelques cours d’acting en plus.
Le reste du film est du divertissement bien comme il faut :
- De l’action (avec la scène du restaurant qui se déguste grâce à sa violence et à sa mise en scène) ;
- Du sexe (l’héroïne assume sa bisexualité pour le plaisir de nos yeux) ;
- Du drame (car Anna veut juste être libre) ;
- De l’humour (de quoi satisfaire nos zygomatiques de temps à autre).
Un vrai blockbuster à l’américaine, en somme ! Et puis, on a envie de savoir qui va gagner la partie d’échecs : Anna ? Le KGB ? La CIA ? Personne ? La réponse est assez inattendue, même si on se doutait que Besson avait plus d’un tour scénaristique dans son sac.
Les acteurs sont très bien, notamment Cillian Murphy et Luke Evans (qui s’avère être crédible en russe mafieux). Helen Mirren incarne une antagoniste qui en impose, mais son jeu d’actrice est trop caricatural par moments. Ce qui me fait poser la question suivante : pourquoi s’obstine-t-on encore à caster des Américains pour jouer des Russes sur grand écran ? Dans un film qui dépeint les années post-guerre froide en plus. Luc, si t’avais voulu aller jusqu’au bout, tu n’aurais dû choisir que des acteurs russes pour jouer les personnages russes. Et les faire parler en russe également (mais ça aurait été trop te demander, à mon avis).
Enfin, il y a la belle, énigmatique et charismatique Sasha Luss. Elle est ainsi la petite dernière de la grande lignée des muses du réalisateur frenchy (Anne Parillaud, Natalie Portman, Milla Jovovitch, Scarlett Johansson…). Elle s’en sort admirablement bien dans le rôle-titre, celui de cette femme qui joue de ses charmes et de son intelligence pour arriver à ses fins. Tantôt lumineuse et fatale, tantôt mélancolique et ambigüe, cette héroïne ne nous laisse pas indifférents. Une actrice à suivre de près, si vous voulez mon avis.
En résumé, si vous cherchiez encore un thriller d’action à voir cet été, Anna devrait vous plaire dans ce rayon-là. Encore une fois, je remercie Luc Besson de continuer à donner un bon coup de fouet au cinéma d’action et de genre français.