Je reviens aujourd’hui pour vous parler d’une de mes dernières lectures en date : Life and Death : Twilight Reimagined de Stephenie Meyer. Intitulé À la vie, à la mort en français, ce « nouveau » roman est sorti en octobre 2015, à l’occasion des dix ans du premier tome de Twilight. L’idée que les genres soient inversés m’intriguait, même si je ne m’étais pas penché sur la question plus que ça. Mais, comme j’avais besoin de faire une pause dans la saga Autre-Monde de Maxime Chattam, j’ai pensé à ce livre en premier !
Qu’en ai-je pensé dans l’ensemble ? Eh bien, j’ai apprécié ma lecture, bien que j’aie des choses à redire. Laissez-moi donc étayer mon propos en trois parties, avec un accent particulier sur la fin qui m’a turlupiné. Si jamais vous n’avez pas encore lu le livre, je vous conseille de ne pas poursuivre votre lecture. Dans tous les cas, vous êtes prévenus !
Une histoire que son auteure a vraiment réinventée ?
Si vous êtes un inconditionnel de Twilight, que vous avez lu et relu les livres sans relâche, alors vous serez certainement déçu par Life and Death. Me concernant, j’avais lu les quatre tomes après la sortie du premier film. Je n’avais ni détesté, ni adoré. Je n’avais pas forcément aimé le style d’écriture de Stephenie Meyer et, si l’histoire qu’elle nous racontait était stupide dans le fond, je m’étais laissé quand même prendre au jeu. Bizarrement, j’ai adoré les films à l’époque où ils étaient à l’affiche au cinéma. Par rapport à Life and Death, c’était presque une nouveauté pour moi, car j’allais redécouvrir l’histoire sous un jour nouveau. Certes, durant ma lecture, je me suis souvenu de certains détails, mais ça s’arrête là.
Avoir inversé les genres sexuels dans cette histoire très mormone était « culotté », vu que Twilight est à la base une saga avec une héroïne en premier plan, à laquelle beaucoup d’adolescentes peuvent s’identifier. Le fait que Bella devienne un garçon et Edward une fille me faisait sourire, tout en m’intriguant. Eh bien, contre toute attente, je me suis imprégné de ce énième roman « à l’eau de rose ». Je me suis facilement identifié au narrateur, à ce qu’il ressent, à cette impression de malaise et de maladresse qu’il éprouve à chaque instant. J’ai également beau être gay, je n’ai pas pu m’empêcher d’éprouver cette même fascination que Beau a face à Edythe. Pour ça, je trouve que Stephenie Meyer sait bien décrire les sentiments amoureux naissants, bien que ça puisse alourdir le récit par moments.
Après, la trame narrative est évidemment la même que dans le roman originel. Il n’y a donc pas de véritable surprise, hormis la fin et l’épilogue qui sont différents. Mais j’y reviendrai plus tard. De plus, la crédibilité n’est pas toujours de mise, notamment en ce qui concerne certaines réactions du héros et certaines phrases qui sortent de sa bouche ou de ses pensées.
Le changement de sexe pour tous les personnages : indispensable ?
C’est la question que je me suis posé tout au long de ma lecture. Autant pour les deux héros, ça a un intérêt parce que c’est la base même du concept. Autant pour les personnages secondaires, sûrement pas ! J’aurais été Stephenie Meyer, j’aurais gardé les mêmes personnages, c’est-à-dire : Rosalie, Jasper, Mike, Jessica, Angela, Carlisle et compagnie. Après, l’auteure a voulu sans doute aller à fond dans son truc, ce qui peut être louable dans un sens. Mais quand ça n’apporte rien…
Déjà, j’aimerais savoir où elle a été choisir les nouveaux prénoms. J’ai ri quand j’ai lu celui de Beaufort « Beau » pour la première fois. J’ai été achevé en voyant ceux de Royal, de Jessamine et de McKayla, pour ne citer qu’eux. Bon j’avoue ne plus me souvenir des autres, tellement les personnages en eux-mêmes sont inexistants dès le départ. En passant, le héros est au moins à l’image de sa « jumelle » Bella, quand il s’agit d’être soulé par toutes les filles qui l’entourent. Et de les envoyer bouler gentiment, quand ces dernières lui font des avances. Il avouera aussi délibérément avoir manipulé Julie (Jacob), afin d’avoir des infos sur les Cullen. Comme quoi, les mecs sont aussi fourbes que les filles d’après Meyer. Ce que je veux bien croire, cela dit.
Concernant les Cullen, il a fallu leur inventer de nouvelles histoires à certains d’entre eux. Encore une fois, c’est crédible pour certains et ça l’est moins pour d’autres. Je sais et conçois que les hommes puissent être aussi vulnérables que les femmes. C’est plutôt la manière que l’auteure a d’introduire la chose. Par exemple, Earnest (Esmée) a une histoire intéressante. Mais Stephenie Meyer fait passer ça pour un vulgaire cliché. Il en est de même pour Eleanor, qui a le même humour « lourdingue » que son homologue Emmet, mais ça ne marche pas forcément ici. C’est ce que je reproche à Meyer dans ce livre : son histoire peut marcher dans un sens, mais elle ne l’a pas suffisamment retravaillée pour que ça fonctionne dans l’autre.
La fin ou comment se détacher d’un narrateur en une seconde ?
Comme je vous le disais, il n’y a que la fin qui change dans ce Twilight réinventé. Pour vous la faire court : Beau est mordu par Joss (James) et cette fois, les Cullen arrivent trop tard, ce qui fait que Beau se transforme en vampire. Si ce passage est assez long – toute la mythologie de la saga vampirique est abordée ici en un seul chapitre –, ça amène forcément à un épilogue « tragique ». Que nenni !
Bon, « tragique », la conclusion finale l’est. Dans le sens où le héros assiste à son propre enterrement au loin. On voit ses parents tenir difficilement le coup, surtout quand on repense à la manière dont Beau a parlé à son père avait de retourner à Seattle pour fuir Joss. Sur le coup, je ressens un gros pincement au cœur et me dis : « Ça finit vraiment comme ça ?!? » Dans le même temps, je suis agréablement surpris, parce que c’est une autre première dans un roman de Meyer. Et c’est à ce moment-là que le ridicule fait son entrée !…
En gros, ses proches ont beau être sous le choc de sa mort, le mec n’en a juste… rien à foutre ! Mais littéralement ! Et il aura beau demandé à Bonnie Black (la mère de Julie) de prendre soin de son paternel, tant qu’il a Edythe dans sa vie, il s’en tape du reste. J’imagine que ce n’était pas volontaire de la part de Stephenie Meyer de faire passer son personnage pour un con – oui, c’est un con –, mais elle a raté son coup. Quant au pseudo affrontement avec les Quileutes, j’ai envie de rire : une conversation et hop, tout rentre dans l’ordre ! L’histoire se termine sur cette phrase clichée : « L’éternité risquait d’être géniale ! » Avec une demande de mariage dissimulée à la clé ! Plus guimauve et réducteur que ça, tu meurs !
Moi, en tant que lecteur masculin, ça me sidère ! Personnellement, je meurs – deviens un vampire – et ma famille dépérit à cause de moi, je ressens donc un peu de compassion à leur égard ! Enfin, ce serait une réaction logique ! Ou alors je suis trop terre-à-terre ? Non, en fait non : Beau est bien un gros con ! Et pour celles et ceux qui vont me répondre que Bella ne vaut pas mieux que lui, je ne vous contredirai pas totalement à ce sujet. Mais Bella, elle, finit par avoir un peu de compassion et de remords, notamment pour son père qu’elle laisse derrière elle ! De même pour Jacob – je persiste à dire qu’il en bavera avec elle et à cause d’elle.
Voilà, il fallait que je pousse ce coup de gueule et c’est fait !
Un livre assez prenant… mais peu marquant !
Je le redis : j’ai globalement apprécié ma lecture. J’ai été emporté par ces quatre-cent et quelques pages, ça m’a permis de m’évader dans un autre univers. Le style de Stephenie Meyer a beaucoup contribué à ça, tant il est fluide et agréable à lire. Après, il est semblable à ceux de beaucoup d’écrivains, donc il n’est pas finalement pas marquant en soi. En revanche, je serai toujours étonné par sa manière de dépeindre les relations amoureuses.
Dans Les Âmes Vagabondes, il y avait cette morale de virginité nauséabonde, mais la suite du récit avait fini par rendre ce dernier très intéressant, car écrit du point de vue d’une âme extra-terrestre découvrant progressivement la nature humaine. Dans Life and Death, c’est le mec qui veut baiser la fille et la fille qui a peur de lui faire mal (à cause de sa nature vampirique). C’est « inédit », mais ça marche assez bien. Par contre, qu’on ne vienne pas me sortir que le Grand Amour vous fait obligatoirement renoncer à tout, parce que ça ne marchera pas ! Bon, j’admets que j’ai éprouvé des sentiments aussi forts pour certaines personnes. Quand j’y repense, je me dis que c’était humain et que j’étais simplement très amoureux. Mais de là à me dire : « Oh, je suis mort et mes parents sont dévastés, mais ce n’est pas grave, car ma chérie est avec moi pour l’éternité, hihi ! », NON ! Bon allez, j’arrête !
De votre côté, n’hésitez pas à me dire si vous avez aimé ou pas ce spin-off, que vous soyez une lectrice ou un lecteur ! Ce serait intéressant d’avoir votre opinion à ce sujet !…