[LIVRE] Élisabeth Benoit, Toronto

Après Hector est mort de François Ruffin, je me suis penché sur le cas « Johnny Depp vs Amber Heard » décrypté par l’autrice québécoise Élisabeth Benoit. Intitulé Toronto, ce roman retrace le procès très médiatisé qui a opposé l’acteur de Pirates des Caraïbes à l’actrice d’Aquaman, témoignages, notes de psychologues et d’infirmiers, et SMS à l’appui. Une véritable enquête sous fond de roman — le livre est vendu ainsi, même si personnellement, je ne le qualifierais pas vraiment comme tel — qui relate, avec une certaine objectivité, la romance toxique mouvementée entre les deux vedettes, de leur rencontre jusqu’au verdict qui a fait condamner Amber Heard pour diffamation.

Avant de poursuivre mon article, je dois préciser qu’à l’époque, je n’avais pas trop suivi le procès à Fairfax. Cependant, je savais que Johnny Depp avait perdu celui qu’il avait intenté au tabloïde britannique The Sun, qui l’accusait dans un article d’être un « wife beater » (en français : un homme battant ses compagnes). Et comme tout le monde, je pensais qu’Amber Heard avait été victime de violences conjugales… Jusqu’à ce que le procès à Fairfax, que Johnny lui a intentée pour diffamation, ait lieu et inverse la tendance : ce n’était pas Amber la victime, mais lui. Là encore, j’en ignorais tous les tenants et aboutissants. Le bouquin Toronto tombait donc à point nommé !

Note de l’auteur : si vous voulez en savoir plus sur cette affaire, je vous conseille la vidéo de la youtubeuse Gossip Gloss, qui explique les faits en détail :

Pour commencer, je vais vous parler du style de l’autrice. En effet, c’est elle-même qui a transcrit et traduit tous les documents relatifs aux deux procès. Étant donné que je suis traducteur de profession, je fais forcément attention à cela. Pour être franc, j’ai eu l’impression que certains passages étaient traduits de manière littérale, si bien qu’ils s’avéraient inintelligibles au premier abord. Je devais ainsi les relire plusieurs fois pour vraiment les comprendre. Par moments, les phrases n’avaient juste aucun sens. Après, comme Élisabeth Benoit est canadienne francophone, le québécois et le français de France étant deux langues différentes, elle a pu employer des expressions québécoises typiques dans sa traduction. Ceci étant dit, ce défaut n’annule en aucun cas tout le gros travail de recherche qu’elle a fourni pour démêler le vrai du faux dans cette affaire. Mais il aurait été mieux qu’elle fasse appel à un consultant professionnel en traduction pour l’accompagner dans la rédaction de son livre. Après, peut-être qu’elle n’avait pas le temps et/ou le budget pour ce faire.

Et même si cet aspect-là laisse à désirer, ça ne m’a pas empêché de trouver cette lecture passionnante. Bon, de base, je m’intéressais déjà un peu à cette histoire, mais quand on la lit, on a l’impression de lire un vrai roman policier. Car il y a beaucoup de personnages et de rebondissements ! C’est d’ailleurs le genre de livre où il faut être extrêmement attentif, dans le sens où on doit bien se rappeler qui est qui et ce que telle personne a déclaré pour la suite de sa lecture. J’ai même dû revenir plusieurs fois en arrière pour être sûr de n’avoir oublié aucun détail. En passant, Élisabeth Benoit a eu la bonne idée d’inclure au début de son roman une liste descriptive de toutes les personnes qui ont participé, de près ou de loin, à ce procès médiatique. Ça m’a ainsi beaucoup aidé à m’y retrouver.

Pour ce qui est de l’affaire en elle-même, il a été prouvé qu’Amber Heard avait menti en accusant Johnny Depp l’avait battue et, pire, violée. Ces preuves, on les retrouve pour la plupart dans le bouquin. Toronto « donne la parole » aussi bien à l’entourage proche et professionnel de Johnny qu’à celui d’Amber. Et au fil des pages, on se rend compte que leur histoire est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Bien que l’autrice se décrive comme étant devenue « pro-Depp » à force d’avoir parcouru tout Internet à la recherche de faits véritablement tangibles, elle reste assez neutre. Elle ne va donc pas descendre Amber à la moindre occasion, de même qu’elle ne va pas mettre sans arrêt Johnny sur un piédestal.

De plus, à travers les nombreux documents que l’autrice a trouvés, on découvre la psychologie de l’un et de l’autre. Et autant Johnny Depp qu’Amber Heard étaient toxiques l’un pour l’autre, en témoignent leurs passés respectifs. Savoir que la seconde avait subi de la violence physique de son paternel me l’a rendue beaucoup plus sympathique, voire même attachante. Bien entendu, ça n’excuse pas ce qu’elle a fait, mais connaître son passé trouble m’a permis de mieux comprendre pourquoi elle avait agi de la sorte.

Enfin, si cette œuvre est très complète, il m’a cependant manqué deux choses :

  • Pourquoi le procès a été filmé : de mémoire, il me semble que c’est l’équipe de Johnny Depp qui a demandé à ce qu’il soit rendu public et j’aurais aimé que l’autrice creuse beaucoup plus cette question ;
  • Le cyberharcèlement qu’a subi Amber Heard : ça a effectivement contribué à renforcer l’opinion publique très négative sur le personnage et il aurait été pertinent qu’Élisabeth Benoit ne se contente pas de le mentionner.

Néanmoins, peut-être que je trouverai mes réponses à mes interrogations dans le documentaire produit par France TV, La Fabrique du Mensonge : Affaire Johnny Depp/Amber Heard (non disponible sur le site officiel du groupe télévisuel, mais vous pouvez le trouver ailleurs). À voir si je donne mon avis là-dessus dans un prochain article…

En conclusion, Toronto d’Élisabeth Benoit est une excellente manière de s’informer et/ou de se mettre à jour sur cette affaire judiciaire unique en son genre. Un livre tout simplement happant.

Et vous, avez-vous lu le roman d’Élisabeth Benoit ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? N’hésitez pas à me faire part de vos impressions dans les commentaires !

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