Je m’apprête à vous parler de The Neon Demon, réalisé par Nicolas Winding Refn. Un film qui m’obsédait déjà avant sa sortie et m’obsède encore, après l’avoir vu. Il faut dire aussi que le cinéma du réalisateur de Drive ne laisse pas indifférent, qu’on l’aime ou pas. Ainsi, après avoir exploré le monde de l’automobile et la Thaïlande, le danois s’intéresse à l’univers du mannequinat et au diktat suprême de la beauté, qui régit ce dernier.
Comme toujours, l’image est soignée, la bande originale l’est également (et ce, malgré un côté rébarbatif dans les compositions, qu’on a pu entendre et réentendre respectivement dans Drive et Only God Forgives). L’hémoglobine est aussi présente, mais son effusion est moins forte que dans Only God Forgives. Et les moments glauques et malsains sont “évidemment” de la partie. Là où le scénario s’effacera progressivement au profit des éléments précédemment cités. Quant aux personnages, ils sont fidèles à ceux écrits par Refn : froids, voire glacials, dans leurs faits et gestes, malgré une certaine âme qui émane de leurs paroles.
On va d’ailleurs parler du personnage de Jesse, interprété par Elle Fanning (vue notamment dans Maléfique). Une jeune fille innocente qui va bientôt devenir une femme mure, mais aux failles évidentes. Si son évolution est intéressante à suivre (dans sa maturité sexuelle et son épanouissement physique), elle est cependant mal perçue à cause du jeu d’actrice d’Elle Fanning. J’ai trop repensé à son rôle de la princesse Aurore en la regardant ici, tant son jeu est presque identique dans les deux œuvres. Un raté pour moi, de ce côté-là.
J’ai été davantage convaincu par le reste du casting, que ce soit Jena Malone, Christina Hendricks, Karl Glusman ou Desmond Harrington (qui jouait Jack Bass dans la série girly Gossip Girl). Chacun joue impeccablement sa part de mystère et de perversion, rendant de ce fait certaines scènes à la limite du soutenable. Un délice visuel pour certains, une aberration pour d’autres. Moi, je suis un peu entre les deux.
Car, comme je le disais au début, The Neon Demon a son lot de moments chocs. Les actes de menstruation, de viol et de cannibalisme imagent donc la descente aux enfers de l’héroïne, après une (courte) ascension vers les étoiles. D’ailleurs, je trouve intéressant que sa beauté naturelle “sans artifices” contraste finalement avec sa naïveté visible. Et avec ses collègues plus âgées, qui sont refaites de la tête aux pieds. Ces dernières qui iront jusqu’à commettre l’irréparable pour s’approprier la beauté de la nouvelle venue. Le rendu visuel divise alors, mais ne peut que faire réfléchir finalement.
Le principal problème pour moi est qu’il y a une rupture immédiate entre la première partie et la seconde du film (au lieu qu’il y ait une continuité “logique”). Du moins, la scène de viol imagée en question arrive si soudainement, que ça et ce qui a suivi m’a paru être trop. La fin, plus particulièrement. Mais encore une fois, The Neon Demon est le genre d’œuvre cinématographique qui divisera forcément le public, car marquant à sa manière, tout simplement.
Pour résumer, si j’étais mitigé en sortant de la salle de cinéma, je le suis moins en écrivant cette critique. C’est un film auquel je repenserai des semaines après mon visionnage de celui-ci car, comme je vous l’ai dit au début, il m’obsède. Et j’aurai également besoin de le revoir, pour m’en faire une meilleure idée et/ou pour me dire que, en fin de compte, je l’avais mal jugé. Un peu comme Spring Breakers, il y a trois ans.