Suspiria de Luca Guadagnino doit être le film le plus frustrant de cette année 2018. Jamais une autre œuvre ne m’aura rendu autant indécis quant à mon ressenti final ! Ai-je aimé ? Suis-je déçu ? Avais-je trop d’attente ? Je me sens obligé de répondre la même chose pour ces trois questions : oui.
Suspiria m’a pris aux tripes pour des tas de raisons différentes. Sa mise en scène est incroyable, la performance physique des actrices étant clairement mise en avant. Je pense notamment aux fameuses scènes de danse, que j’ai trouvées puissantes dans leur dénouement. Pour moi, ce sont les meilleurs passages du film et je regrette qu’ils soient peu nombreux (sachant que le film dure quand même 2 h 30 !). J’ai d’ailleurs un gros coup de cœur pour le morceau Volk (composé par Thom Yorke), qui retranscrit à merveille cette puissance susmentionnée. Et à l’heure où j’écris cet article, je l’écoute en boucle.
Luca Guadagnino nous offre également une œuvre à la photographie superbe. Chaque plan est travaillé avec soin et est une œuvre d’art à lui seul. Ce qui fait que le film est une œuvre d’art à part entière. Encore une fois, la mise en scène contribue à cette touche artistique délicieuse pour les yeux.
Au niveau du casting, je tire mon chapeau aux actrices ! Tilda Swinton m’impressionnera toujours, puisqu’elle joue ici trois personnages ! Rien que pour ça, elle mérite un deuxième Oscar ! Chloë Grace Moretz est en retrait par rapport aux autres, mais elle ne démérite pas pour autant ! Mia Goth est juste fabuleuse ! Quant à Dakota Johnson, elle ne tient peut-être pas son meilleur rôle (je l’ai préférée dans A Bigger Splash), mais elle a beaucoup de prestance dans les chorégraphies. Elle parvient également à jouer l’ambiguïté à merveille.
Je mentionne (de nouveau) la bande originale composée par Thom Yorke, qui contribue aussi à l’immense qualité technique de Suspiria.
Les deux bémols (parce qu’il y en a deux),c’est le scénario et le « manque » de violence graphique. Ce long-métrage est quand même interdit aux moins de 16 ans en France, donc autant y aller à fond ! Certes, les scènes de danse m’ont psychologiquement chamboulé, mais le sang manque à l’appel (malgré la scène finale, qui ne m’a tant traumatisé que ça). Il y a même des passages où je riais (alors que ce n’est pas censé être drôle). Quant au scénario, il raconte en plus de deux heures ce qu’il aurait pu conclure en une heure et demie. Il part dans tous les sens et certaines scènes sont encore obscures pour moi.J’imagine donc que j’en attendais beaucoup trop.
Moi qui espérais voir le Mother! de 2018, on est bien loin du chef-d’œuvre de Darren Aronofsky. Mais Suspiria ne m’a pas du tout laissé indifférent, bien au contraire. Il aura marqué l’année à sa manière, c’est indéniable !