[CINÉMA] Sinners

Au départ, ce western d’horreur fantastique — si on peut l’appeler ainsi — ne me disait rien. Mais après avoir eu de bons retours spectateurs ici et là, je me suis dit : « Allez, pourquoi pas ! » Je n’avais pas vu la bande-annonce, sinon lu le synopsis sur AlloCiné, donc je ne savais pas grand-chose de Sinners. Par contre, j’ai appris qu’il est réalisé par Ryan Coogler, qui est notamment derrière Black Panther 1 et 2, et que Michael B. Jordan joue un double rôle dedans. Du coup, Sinners est-il une bonne surprise ou pas ?

Note de l’auteur : pour les besoins de cet article, je spoilerai l’intrigue du film. Si vous ne l’avez pas encore vu, ne lisez pas ce qui suit. Si vous l’avez vu ou que vous ne comptez pas le voir, libre à vous de lire la suite de mon billet.

Je vous résume également l’histoire : deux frères reviennent dans leur ville natale après des années d’absence. Ils rachètent alors une ancienne scierie à son propriétaire, membre du Ku Klux Klan, afin d’en faire un club dansant pour la population noire locale. Ils en profitent pour recruter leur jeune cousin Sammie, qui aspire à devenir un grand chanteur et musicien, pour animer la soirée d’ouverture. Ils retrouvent également des personnes qu’ils n’avaient pas vues depuis longtemps. Pendant ce temps, un mystérieux homme, qui s’avère être un vampire, s’attaque aux habitants du coin dans le but d’en faire une armée. La soirée s’annonce donc pleine de surprises sanglantes !

La réponse : oui ! Le long-métrage de Ryan Coogler dure 2 h 18, mais il est très bien rythmé. L’intrigue, le cadre et les personnages sont progressivement posés, et l’action arrive au bon moment du film. Sa longueur est également justifiée par le fait qu’il est dense au niveau des thématiques abordées : la musique vue d’un point de vue religieux (sataniste, donc) et d’un point de vue sociologique (libératrice pour les Afro-Américains, encore ostracisés dans les années 30), l’apartheid (avec le Ku Klux Klan qui plane dangereusement sur les Noirs), et la mort (qui est tout aussi libératrice). De même qu’il l’est au niveau du rôle joué par les différents protagonistes et antagonistes du film.

Et je vous avoue que ce dernier point m’a beaucoup perturbé. En effet, il m’a fallu bien me remémorer la fin du long-métrage pour savoir qui était vraiment méchant et qui ne l’était pas (vraiment). Au début, je pensais que les vampires blancs étaient une métaphore du Ku Klux Klan. Et ça aurait été le cas jusqu’à la fin, ça m’aurait suffi (même si je pense que ça aurait manqué de subtilité). Sauf qu’en fait, ils voulaient « aider » les Noirs à se libérer du carcan imposé par le suprémacisme blanc en les massacrant un à un et, donc, en empêchant le Ku Klux Klan de les tuer le lendemain de la soirée (car c’était leur but depuis le début). Et bien que j’aie adoré Sinners, ce dernier détail complique l’histoire pour rien, selon moi.

Pour ce qui est de la place de la musique dans ce long-métrage, elle a beaucoup de sens. Il y a notamment une scène que je trouve incroyable, tant elle est parfaite au niveau de la musique — le titre est interprété par le jeune et talentueux Miles Caton, qui fait ses débuts devant la caméra —, du montage et des effets spéciaux. D’ailleurs, elle résume facilement le propos du film. Parce que oui, de manière générale, la musique nous libère et nous fait sentir nous-mêmes. Chaque personnage y trouve ainsi son compte, des deux frères jumeaux à leur jeune cousin, en passant par leurs amis et même les vampires.

En outre, la thématique de la mort est intéressante, surtout pour les deux frères (campés par Michael B. Jordan). D’un côté, on a Smoke, celui qui est sage, qui veut tout faire comme il faut et qui choisit le paradis pour enfin être en paix (et vivre son histoire avec Annie et leur fille mort-née). De l’autre, on a Stack, celui qui transgresse toujours les règles et qui choisit l’enfer pour être aussi enfin en paix (et vivre librement sa passion avec Mary — Hailee Steinfeld —, à qui il avait renoncé de son vivant à cause du racisme ambiant). Là encore, il y a une belle symbolique.

Enfin, la thématique de l’apartheid est intelligemment et subtilement traitée. On ressent ce fossé forcé entre les Blancs et les Noirs tout du long, sans qu’on nous fasse bien comprendre que ce n’est pas bien à tout-va. Si vous me lisez, vous savez que j’ai tendance à être irrité par la bien-pensance hypocrite du cinéma hollywoodien actuel. Or, là, cette question est bien abordée, parce qu’encore une fois, l’intrigue, le cadre et les personnages sont très bien écrits. Il y a d’ailleurs cette réplique du personnage de Mary qui m’a interpellé (quand Sammie lui demande ce qu’elle est) : « Je suis un être humain ! » Pour dire qu’en gros, on est tous égaux, quelle que soit notre couleur de peau. À mes yeux, cette réplique est parfaitement juste.

Pour résumer, Sinners est clairement un film à voir, car il soulève de nombreuses questions plus que jamais d’actualité. Puis, même si je ne l’ai pas mentionné avant, c’est bien réalisé et bien joué, avec une photographie qui fait mouche. Et surtout, il mélange brillamment plein de genres cinématographiques, en plus de bien exploiter à sa façon le célèbre mythe du vampire. Par conséquent, je vous dirai comme mon entourage : foncer voir ce long-métrage !

Et vous, avez-vous vu l’œuvre de Ryan Coogler ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? N’hésitez pas à me donner vos impressions en commentaire !

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