Après Mud, Jeff Nichols propose l’acclamé Midnight Special, qui mêle science-fiction, course-poursuite et enjeux familiaux. Un film qui en aurait apparemment dérouté plus d’un, malgré les avis unanimement positifs. Avis qui voient en Nichols comme étant le nouveau Spielberg. Pour ma part, je n’irais pas jusque-là, mais je dois reconnaître que son œuvre est assez intéressante en soi.
Pourtant, ça part sur une “mauvaise” base. Bon, en fait, on a l’impression que ce film ne tient pas à se distinguer de quelque autre film similaire que ce soit. Pourquoi dis-je donc que ça part “mal” ? Eh bien, la direction d’acteurs laisse tout bonnement à désirer. Je ne dis pas que le casting joue mal, mais ça se traîne et on a même l’impression qu’ils ont tous pris des tranquillisants. À certains moments, ils se réveillent lors des scènes d’action (heureusement, j’ai envie de dire), avant de retourner à leur “sommeil léger”.
Pourtant, les acteurs sont loin d’être des débutants, jugez plutôt : Michael Shannon, Kirsten Dunst et Joel Edgerton. Soit des gens qui n’ont plus rien à prouver, mais qui peinent à convaincre ici. J’excepte Adam Driver car, même si je l’ai trouvé très bon dans la comédie Frances Ha, ce n’est pas un acteur qui arrive à me toucher. Cela dit, il joue déjà beaucoup mieux devant la caméra de Jeff Nichols que dans le dernier Star Wars.
Pour moi, celui qui s’en sort le mieux est l’enfant joué par Jaeden Lieberher, qui prend toute la place de l’intrigue et du film dans son ensemble. Son personnage est à la fois intriguant et mystérieux, voire même effrayant durant la scène de l’interrogatoire. Ce n’est pas le seul intérêt du film, mais on a envie de savoir coûte que coûte comment ça va se terminer pour lui, s’il arrivera bien à destination comme prévu.
Le départ est également “mauvais”, car tout se met très lentement (mais progressivement) en place. Comme je le disais précédemment, Midnight Special ne se distingue pas d’autres films du même genre et il faut bien attendre la seconde heure pour que ça décolle et qu’on soit donc pris par l’histoire. Il y a ainsi une sorte de suspense qui s’instaure dans cette course-poursuite, où chaque seconde/minute compte. En outre, la mise en scène s’avère être travaillée dans cette seconde partie, même si elle n’est pas extraordinaire et qu’elle est vue et revue. En conséquence, les idées sont là, tout en tardant à émerger à l’écran. Et contrairement à ce que j’ai pu lire par-ci par-là, j’ai trouvé l’histoire très accessible et compréhensible (le réalisateur aurait pu pousser le truc plus loin, mais on se contentera bien de ce qu’il nous offre). Pour finir, les personnages finissent aussi par être attachants et touchants dans les relations que chacun entretient avec les autres et vice versa (notamment la famille que forment Shannon, Dunst et le jeune garçon).
On tient donc, avec Midnight Special, un film tout à fait ordinaire, mais qui parvient à s’en sortir avec quelques honneurs. Un peu à l’image de Mud, son prédécesseur.