[CINÉMA] Brooklyn

Brooklyn - Saoirse Ronan

Réalisateur discret, l’irlandais John Crowley a su se bâtir une belle réputation, via le drame intimiste Boy A, qui offrait par ailleurs à Andrew Garfield son rôle le plus touchant. Neuf ans plus tard, il nous propose Brooklyn, récit intergénérationnel qui consacre définitivement Saoirse Ronan à son tour.

Brooklyn a pourtant tout du film ordinaire qui se fondrait aisément dans la masse cinématographique, de sa réalisation passe-partout à son scénario au classicisme habituel. Son héroïne est également tout aussi banale, avec un parcours initiatique comme on en a déjà vu sur grand écran. Mais force est de constater que l’œuvre de John Crowley revête une grande force, comme on aime en voir au Cinéma (avec un grand C).

Cette force, on la doit justement à ce scénario “cousu de fil blanc”, c’est-à-dire que cette suite d’événements se veut être humaniste envers le public. Dès le début, on sent que la jeune Eilis veut s’affranchir de sa famille et s’accomplir en tant que femme adulte, de quelque manière que ce soit. Elle passera ainsi par le deuil du passé, la solitude et la tristesse, trois sentiments bien douloureux qu’on a nous-mêmes tous connus. Et elle fera de New York sa nouvelle maison, son nouveau refuge, avant qu’un événement soudain ne l’oblige à choisir entre deux vies : celle à laquelle on veut la prédestiner et celle qu’elle a elle-même choisie. Ce dilemme, Crowley a su le mettre intelligemment et merveilleusement en scène.

Car la mise en scène est, en effet, très travaillée. Que ce soit dans la reconstitution de l’époque et ses mentalités ou dans les interactions entre les personnages. Et que dire des deux romances qui s’entrecroisent, si ce n’est qu’elles forment de jolis moments de poésie cinématographique. Et, à vrai dire, que serait tout cela sans le jeu tout en finesse et en retenue de Saoirse Ronan ?

Celle dont on se souvient surtout grâce à son regard troublant nous livre là sa performance d’actrice la plus authentique. Elle incarne ainsi un tas de sentiments humains, et ce, avec une aisance bien grande. Sa présence aux Oscars n’est donc pas fortuite, comme je l’aurais pensé au départ. Si Brie Larson n’avait pas été la grande favorite, elle aurait très bien pu recevoir la statuette. Et si l’Académie avait également décerné un prix dédié au casting, celui de Brooklyn aurait bien pu en avoir un.

En résumé, John Crowley réussit son coup, en alliant la simplicité et l’élégance dans ce film au message universel. Et même si ce dernier ne fera sans doute pas beaucoup de bruit, on espère qu’il permettra à son réalisateur ET à son actrice principale de perdurer dans le temps.

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