[CINÉMA] Agora

Égypte, IVe siècle après Jésus-Christ. Hypathie, la philosophe belle et brillante, est obsédée par une question dont on connait tous la réponse à présent : « La terre tourne-t-elle autour du soleil ? » Si bien qu’elle est indifférente aux deux hommes qui la convoitent : son esclave Davus, et son disciple Oreste. Si bien que malgré la montée de plus en plus puissante du christianisme, elle continue ses recherches…

On se demandait où était passé ce cher Alejandro Amenábar, depuis son chef-d’œuvre Mar Adentro. Il lui aura fallu cinq ans pour sortir de sa cachette, et nous offrir Agora, un beau film dans tous les sens du terme. Alors que les premiers films du réalisateur espagnol n’étaient pas franchement engagés (du moins, je n’y vois pas une once de messages moraux), Agora a plutôt tendance à suivre les traces de son prédécesseur, dans un contexte différent, une époque différente et des mentalités cependant pas si différentes des nôtres. Et il faut dire qu’Amenábar a, une fois de plus, réussi son coup ! Jamais un film n’aura critiqué le fanatisme religieux avec autant de vérité et de réflexion. Jamais un film n’aura dénoncé cela avec autant de force et de sincérité. Forcément, ceux qui s’y attendaient à voir un péplum plein à ras bord de combats sanguinolents se sont trompés de route, car ce n’est pas à ce que nous a habitué Amenábar.

En plus d’une jolie réflexion sur la liberté humaine (et notamment sur la place de la femme dans la société de l’époque), Agora est chargé de plans à couper le souffle visuellement (avec une Égypte retranscrite à merveille), d’un casting savamment dirigé par un réalisateur pour qui le cinéma n’a plus se secret (mention à Max Minghella, dont le personnage est le plus intéressant de tous), et d’une bande-son qui donne davantage de force à l’ensemble. Le tout est réaliste (pas de happy end, et on s’y attendait à vrai dire), et même les histoires d’amour ne font pas tâche. Tandis que l’on suit avec passion le périple de cette jeune femme courageuse et battante, qui tente de repousser davantage les limites de la science, et ainsi de faire avancer le monde.

En résumé, Agora a tout du film magnifique qui ne se contente pas, par ailleurs, de simplement livrer son histoire, avec ces rebondissements. C’est un film intelligent et instructif. Mais (parce qu’il y a un, mais), il manque ce petit quelque chose, un je-ne-sais-quoi, qui fait qu’on tomberait amoureux fou d’Agora. Un film qui s’apprécie donc, mais qui n’est à voir qu’une seule fois.

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