
Après mes films du mois de septembre, je vous parle d’une vieille série qui a très bien vieilli : Wiseguy (Un flic dans la mafia en VF). L’histoire est celle de Vinnie Terranova, un agent du FBI qui passe 18 mois en prison afin de renforcer et crédibiliser sa couverture au sein de la mafia américaine. On va donc le suivre dans deux intrigues pour la première saison : celle auprès du parrain Sonny Steelgrave et celle auprès du milliardaire Mel Profitt (campé par Kevin Spacey, eh oui !). Bref, que vaut vraiment cette série des années 80 ?
Je me répète, mais ce n’est pas parce qu’elle date de presque 40 ans qu’elle a mal vieilli. Bon, certes, les moyens employés à l’époque ne sont pas ceux de maintenant, mais ce n’est pas ce que Wiseguy a choisi de mettre en avant. En effet, ce sont les thématiques abordées qui sont toujours actuelles. Je pense notamment au discours de Roger (William Russ, vu également dans Incorrigible Cory et dans Les Feux de l’Amour) à propos des terroristes musulmans qu’il veut combattre. Forcément, ça fait écho à ce qui se passe en ce moment. La série traite également, avec un certain réalisme, de la corruption au sein de la justice et de la politique (le fait que des membres de la pègre côtoient des avocats, des juges et des politiciens). Ce qui m’amène à vous parler de la brillante écriture des personnages.
En effet, la psychologie des protagonistes et des antagonistes est vraiment fouillée. Chaque personnage a ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses. Ils sont tous attachants, même s’ils leur arrivent souvent de commettre des actes monstrueux. Le premier exemple qui me vient en tête est celui de Sonny Steelgrave qui explique à Vinnie d’où Pat le Chat tire son surnom. Et sa manière de raconter cette anecdote est vraiment effrayante, car ça révèle sa nature détestable. Paradoxalement, il se montre très humain quand il s’agit d’aider les gens qu’il aime. Vraiment, Wiseguy réussit à faire ce que peu de films et de séries mettent en scène aujourd’hui : des personnages tout en nuance et en complexité.
Évidemment, les personnages ne seraient pas crédibles sans les acteurs qui les incarnent. À commencer par Ken Wahl, qui joue Vinnie Terranova. C’est vraiment dommage que sa carrière ait pris fin si tôt, car il avait un grand boulevard devant lui pour devenir une icône du grand écran (et/ou du petit écran). Son alchimie à l’écran avec Jonathan Banks (Frank McPike, son supérieur) et avec Jim Byrnes (l’Ange Gardien ou « Oncle Mike ») est visible, et j’ai aimé voir leur relation évoluer au fil des épisodes. Parmi les acteurs secondaires, Ray Sharkey incarne avec brio Sonny Steelgrave, tandis que William Russ, Kevin Spacey et Joan Severance se donnent corps et âme dans leurs rôles respectifs. Le casting est clairement un 10/10 !
Enfin, les deux intrigues de cette première saison — Sonny Steelgrave et Mel Profitt — sont passionnantes à suivre. Le nombre d’épisodes pour chacune est d’ailleurs juste ce qu’il faut (respectivement neuf et dix) pour bien développer l’ensemble. Là où les deux premières intrigues de la saison 2 me semblent un peu expédiées — je suis en train de la regarder en ce moment. Et puis, je trouve ce format-là — un ou deux intrigues globales sur une saison — mieux que le format « une intrigue = un épisode » qu’on retrouve dans beaucoup de séries (de l’époque ou non, d’ailleurs).
Pour conclure, je vous recommande chaudement Un flic dans la mafia, ne serait-ce que pour son écriture habile, son excellent acting et ses thématiques plus actuelles que jamais. Une série avant-gardiste, en somme.