Bonjour à toutes et à tous ! Après La Femme de Ménage, je vous parle des derniers enquêtes et essais politiques que j’ai lus. Et vous allez voir que le premier n’a strictement rien à voir avec les deux autres ! En effet, il s’agit de Devenir Brigitte de Xavier Poussard, et de Sois jeune et tais-toi et Résister de Salomé Saqué. Ou quand deux courants politiques diamétralement opposés se « côtoient » le temps d’un billet de blog. Sur ce, bonne lecture !
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Xavier Poussard, Devenir Brigitte
On commence par Devenir Brigitte, l’enquête écrite du journaliste Xavier Poussard qui fait polémique. Et qui fait encore plus de bruit depuis que l’influenceuse américaine Candace Owens s’est emparée de ce sujet brûlant. En effet, beaucoup de personnes se demandent si Brigitte Macron est une femme transgenre (ou un homme, pour reprendre les propos de la complosphère). Cette question a d’ailleurs pris tellement d’ampleur que le couple Macron poursuit Owens pour diffamation. Bref, j’ai lu ce livre par curiosité… et sans surprise, c’est une grosse arnaque.
Note de l’auteur : je n’analyserai pas l’ouvrage en détail, mais si ça vous intéresse, voici deux articles qui le font bien :
En gros, ce livre est un condensé de misogynie et de LBGTphobie. Misogyne, car cette rumeur est pour moi abjecte, parce qu’elle vise une femme. Entre vous et moi, qu’elle soit une femme cisgenre ou transgenre, ça ne changera rien à la situation politique actuelle catastrophique de la France. Et LGBTphobe, car l’auteur a la fâcheuse tendance à confondre homosexualité et pédophilie, en prenant pour exemple certains intellectuels gays qui prônaient les relations sexuelles avec les enfants. Des propos qui, certes, ont été avérés, mais qui ne représentent en aucun cas la majorité des personnes homosexuelles. Xavier Poussard met également transgenrisme et travestissement dans le même panier et, là encore, c’est tout simplement désolant. C’est le premier mauvais point de ce torchon.
Ensuite, les « preuves » qu’avance le journaliste de Faits & Documents sont sorties de leur contexte. Si on prend la peine de consulter les sources qu’il cite. En passant, j’ai aimé le fait qu’il les inclut en fin de chapitre plutôt qu’à la fin de son bouquin (comme beaucoup d’auteurs font). J’ai ainsi pu vérifier ce qu’il avait écrit et dans la plupart des cas, j’ai réalisé qu’il était hors contexte. Ou, pour le dire autrement, qu’il avait tout réarrangé à sa sauce. Rien que l’exemple de la couverture de Gala « spécial hommes » témoigne de sa malhonnêteté intellectuelle. Ou alors, il croit dur comme fer à ce qu’il avance. Je ne sais pas ce qui est le plus inquiétant, personnellement.
Enfin, la partie sur l’usage de l’IA dans le cadre de cette affaire est « intéressante ». C’est effectivement là qu’on voit que dès qu’il a un nouvel outil pour faire joujou, l’Homme en fait n’importe quoi. Pour vous résumer, Xavier Poussard se sert d’images obtenues grâce à un logiciel de reconnaissance faciale pour justifier le fait que Brigitte ressemble plus à son frère Jean-Michel qu’à Brigitte elle-même. Et que, du coup, elle a pris la place de Jean-Michel (surnommé « Le petit gros », soit dit en passant). Sans oublier qu’Emmanuel Macron est le fils de Brigitte/Jean-Michel, notamment parce que l’auteur n’a pas pu mettre la main sur des photos de lui avant ses dix ans. Enfin, je crois que c’est ça, mais est-ce important ?
Je passerai sur les circonstances polémiques qui entourent leur rencontre (lui avait 14 ans, elle 39) qui, selon Xavier Poussard, font que Brigitte Macron est un homme gay et pédophile. Une information parmi tant d’autres (si on peut appeler ça des informations) qui rendent ce gloubi-boulga littéraire indigeste.
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Salomé Saqué, Sois jeune et tais-toi
On enchaîne avec Sois jeune et tais-toi de la journaliste Salomé Saqué, une enquête où elle donne la parole à la jeunesse (dont elle et moi faisons partie), qui est tant critiquée par les « baby-boomers ». Je vais être honnête, je redoutais de lire cet essai pour deux raisons : je suis loin de partager ses idées politiques et toutes les vidéos (de droite) que j’ai regardés à son sujet étaient vraiment à charge contre elle. J’avais donc de nombreux aprioris sur elle. Eh bien, ce livre a été une bonne surprise à mes yeux ! Même s’il n’est pas parfait (comme toute œuvre, après tout).
Déjà, ce que j’ai beaucoup apprécié dans Sois jeune et tais-toi, c’est que Salomé Saqué interroge tous les jeunes issus de tous les milieux et de tous les courants politiques (y compris ceux qui votent extrême droite). Elle écrit d’ailleurs avoir galéré à obtenir les témoignages de ces jeunes-là et qu’elle est parvenue à les convaincre en leur promettant que leurs témoignages seraient restitués tels quels dans son bouquin. Et même si je ne suis pas d’accord avec elle sur ses propos au sujet du RN et consorts, au moins elle a eu le mérite d’être ouverte d’esprit pour les besoins de son enquête.
Ensuite, elle couvre beaucoup de thématiques qui touchent la jeunesse actuelle, allant du chômage au Covid, en passant par l’écologie et les violences policières. Salomé Saqué illustre ses recherches par de nombreux témoignages, qui sont tous sincères sur la question (selon ce sur quoi ils portent). Elle parvient ainsi à démontrer qu’ils sont aussi engagés que leurs ainés (que ce soit dans la politique ou dans la lutte contre les discriminations), qu’ils ont souffert des conséquences des mauvaises actions de (toujours) leurs ainés, etc. Bref, je suis d’accord avec elle pour dire qu’en tant que jeunes, non, on n’est pas responsables de tous les malheurs de la société française (et du monde, même si l’autrice s’intéresse surtout au cas français).
Enfin, si c’est louable de la part de Salomé Saqué de défendre notre génération, elle a un peu tendance à nous faire passer pour les gentils (car il y a des torts du côté des boomers et du nôtre). Même si elle écrit souhaiter que nos deux générations se réconcilient et dialoguent de nouveau, elle aurait pu inclure des contre-exemples pour faire pencher un peu la balance. De même que son chapitre sur l’écologie est très long et m’a fait sortir de ma lecture, tellement j’ai eu l’impression qu’elle s’éloignait de son propos initial. Mais vu qu’elle semble très passionnée par cette thématique, je serais vraiment curieux de lire son futur essai (?) à ce sujet.
En conclusion, c’est une lecture que je vous recommande.
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Salomé Saqué, Résister
On termine avec cet essai de la journaliste, un pamphlet contre la montée de l’extrême droite en France. Là, je vais être moins sympa avec Salomé Saqué, bien que tout ne soit pas à jeter dans Résister. D’ailleurs, le titre de ce livre me fait un peu sourire, dans le sens où « résister » face au RN et consort est devenu monnaie courante à Gauche (dont Saqué fait partie). Et à la lecture de ce bouquin, force est de constater qu’elle ne prêchera que les convertis déjà acquis à sa cause politique.
Résister se divise en trois parties : le passé du RN (anciennement Front national), la propagande de l’extrême droite dans les médias, et comment convaincre ceux qui votent RN de voter à Gauche. Dans la première, elle résume dans les grandes lignes les origines du parti de Jean-Marie Le Pen. Et je pense qu’il vaut mieux creuser la question, car les informations restent légères à mon sens. Dans la deuxième, elle nous explique que le milliardaire Vincent Bolloré, grâce au rachat du groupe Canal et au travers de C8 et de CNEWS, propage ses idées haineuses et dangereuses. Enfin, dans la dernière, elle nous donne des clés pour entamer le dialogue de manière sereine avec nos « opposants politiques ». J’ai plutôt apprécié ce dernier point, qu’on peut finalement appliquer dans n’importe quel contexte.
Maintenant, si Salomé Saqué affirme sa non-neutralité quand il s’agit de parler de l’extrême droite (au moins, elle est honnête), on voit qu’elle est clairement biaisée (et qu’elle a tendance à omettre certains détails, pour que ça aille dans son sens). Qu’elle soit contre les médias de Bolloré, en pensant qu’ils ne sont pas objectifs, c’est une chose (et ça s’entend). Sauf que quand elle écrit que France Inter est un média objectif et qu’elle accepte un prix dans l’émission Quotidien sur TMC (du groupe TF1 qui appartient au milliardaire Vincent Bouygues), ça me fait doucement rire. Elle sort aussi certains faits de leur contexte, comme pour cette militante qui avait brandi un cœur représentant Marine Le Pen serrant la main de Vladimir Poutine (lors de la conférence de presse de cette dernière au second tour des Présidentielles). Salomé Saqué veut nous faire croire que Marine Le Pen (donc, l’extrême droite) est contre l’Amour, alors que c’était clairement une provocation.
Pour finir, je pense qu’un pamphlet de ce calibre pourrait très bien être rédigé par un journaliste de droite pour mener la lutte contre LFI et consort. Il suffit de changer deux-trois choses et on obtient le même résultat. Ce qui rend Résister quelque peu banal, voire jetable, finalement.