[LIVRE] Dora Moutot et Marguerite Stern, Transmania

Transmania des autrices féministes Dora Moutot et Marguerite Stern est un livre qui fait beaucoup de bruit, et pas forcément dans le bon sens du terme. C’est effectivement un ouvrage dans lequel elles analysent les dérives du transgenrisme. Le tout grâce à un fil conducteur : le personnage fictif transgenre (ou « homme transféminin », comme elles l’écriront du début à la fin) de Robert, qui choisit de se renommer Catherine. Un bouquin tantôt haineux pour les uns, tantôt nécessaire pour les autres.

De mon côté, je me situe entre ces deux avis diamétralement opposés. J’ai ainsi voulu lire Transmania par curiosité pour savoir ce que Moutot et Stern avaient à raconter à ce sujet. Cependant, j’ai lu ces 400 pages en gardant mon esprit critique, dans le sens où, selon moi, tout ce qui y est écrit n’est pas à considérer comme parole d’évangile. Même si les autrices ont méticuleusement sourcé leur enquête. Les sources sont d’ailleurs détaillées à la fin de leur livre, sur cinquante pages. Malgré tout, dès l’introduction, elles nous préviennent : leur œuvre est clairement là pour dénoncer l’idéologie transgenre qui, à leurs yeux, se révèle être dangereuse pour les femmes cisgenres (ou « femelles biologiques », pour les citer).

Certes, ce livre pose diverses questions intéressantes, comme :

  • Le débat brûlant sur l’existence des personnes mineures transgenres ;
  • Le rôle important que jouent les associations et institutions dans l’idéologie transgenre (terme également souvent employé par Dora Moutot et Marguerite Stern) ;
  • La détransition (notamment dans le cas d’une youtubeuse américaine qui relate son vécu de personne détrans dans ses vidéos) ;
  • La possible évolution du transgenrisme vers le transhumanisme (sur ce point-là, je trouve que les autrices sont allées un peu trop loin dans leur réflexion) ;

En outre, sur la forme, le livre est bien construit, en plus de rendre accessible la thématique complexe qu’est la transidentité. Déjà, Transmania se divise en trois grandes parties, qui sont chacune subdivisées en différents chapitres. Ensuite, le style d’écriture de Moutot et Stern étant courant, voire familier à certains moments, ma lecture s’en est retrouvée fluide et agréable. Enfin, les deux autrices n’hésitent pas à expliciter le jargon transgenre, qui s’avère souvent être nébuleux pour les gens qui ne sont pas suffisamment renseignés sur le sujet. Tout ça fait que Transmania se lit facilement et rapidement.

Néanmoins, je trouve certaines choses à redire sur ce bouquin. Pour commencer, la caricature qu’est Robert/Catherine, si elle est parfois drôle, s’avère être aussi parfois malaisante. Même si on comprend d’emblée que Robert est un condensé du pire chez les personnes transgenres, on se serait bien passés de certains passages.

Pour continuer, bien que Dora Moutot et Marguerite Stern nous avertissent au début que « ce livre ne représente pas toutes les personnes transgenres », je trouve dommage qu’elles ne dépeignent que l’aspect négatif de la transidentité féminine (en sachant que leurs exemples sont souvent des cas d’exception, cf. la femme transgenre qui a violé d’autres femmes en prison). Certes, elles répètent à tout-va qu’elles ne haïssent pas les personnes transgenres. Mais il aurait été bien qu’elles relatent des expériences positives vécues par les transgenres, car là, on a surtout l’impression que ces dernières sont malheureuses, quelle que ce soit leur décision. Bien entendu, tout n’est pas rose non plus dans leur vie, mais il aurait mieux valu apporter de la nuance à ce niveau-là.

(En plus, si l’existence des femmes transgenres — hommes transféminins, mais j’y reviens ci-dessous — leur pose visiblement problème, celle des hommes transgenres — hormis les cas de détrans — ne semble pas les déranger… « Ils paraissent heureux, alors on passe outre ! » Dans ce cas, pourquoi des femmes transgenres ne seraient-elles pas heureuses dans leur « nouvelle » vie ? Pour moi, c’est un discours hypocrite et, qui plus est, incohérent par rapport à ce qui est véhiculé dans leur bouquin.)

Pour terminer, les autrices utilisent souvent les mots « hommes transféminins » et « femmes transmasculines » pour qualifier les femmes et les hommes transgenres. Je dois avouer que ça m’a beaucoup dérangé tout au long de ma lecture. Pour moi, une femme transgenre est une femme, de même qu’un homme transgenre est un homme. Pour le coup, je comprends les accusations de transphobie faites à leur encontre. Car elles refusent de reconnaître le genre de ces personnes et en soi, c’est problématique.

En conclusion, Transmania de Dora Moutot et Marguerite Stern est une lecture intéressante, mais qui nécessite beaucoup de recul. Pour ma part, je continuerai de m’informer sur la thématique du transgenrisme, notamment via des livres écrits par des personnes transgenres afin de connaître leur retour d’expérience sur la question. En attendant, je vous encourage à lire celui-ci pour vous faire votre propre avis (car c’est important, malgré tout).

Et vous, avez-vous lu Transmania ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? N’hésitez pas à me donner votre avis en commentaire !

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