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Johnny Macco est une star adulée par tous et, pourtant, sa vie se résume à admirer des stripteaseuses, à conduire sa voiture ou encore à briser des cœurs. Une vie morne, donc. Sauf quand sa fille vient s’incruster chez cet adulescent…

 

Un nouveau film de Sofia Coppola, c’est comme le dernier Almodovar ou le dernier Lars Von Trier, c’est-à-dire un événement majeur sur la scène cinéphilique. Il y aura beau avoir des mauvaises critiques, on voudra toujours voir ce que ça donne. La règle n’échappe donc pas à ce quatrième film de la fille de Francis Ford, puisque c’est le premier depuis cinq ans.

 

Il faut rappeler que Sofia Coppola, c’est quand même le chef d’œuvre culte Virgin Suicides et le très bon Marie-Antoinette. Et vu la qualité indéniable de ces deux-là, on attendait Somewhere avec impatience. Alors, répond-t-il à nos attentes ? Est-ce juste un pétard mouillé ? Ou bien est-ce un beau navet ?

 

Non, non et… oui ! En gros, pendant 1h30 qui nous semble paraître interminable, on s’ennuie. Comme le personnage principale, l’acteur Johnny Marco. Ah, mais attendez : ce film n’est-il pas censé traiter d’un homme paumé, qui cherche un sens à sa vie ? Est-ce que Coppola aurait-elle voulu tenter un nouvel exercice expérimental, celui de nous faire ressentir les mêmes émotions que ses personnages, ici l’ennui ? Si c’est ça, on ne peut pas dire que ce soit raté ! Car, comme Johnny, on s’ennuie profondément.

 

Rappelons que jusque-là, tous ses films mettaient en scène des gens blasés de la vie : les cinq sœurs Lisbon, la reine de France Marie-Antoinette… Si, jusque-là, la formule fonctionnait, ici ça ne prend absolument pas. Pour vous dire, pendant tout ce temps, on voit : Johnny refaire dix fois le même circuit en voiture, Johnny mater des gogo-danseuses, Johnny coucher avec une femme qu'il a rencontrée sur le chemin, Johnny se brosser les dents, Johnny se faire mouler le visage… Voilà, vous l’avez compris : il n’y a rien à retirer de ce Somewhere sans vie.

 

Forcément, les acteurs en pâtissent. Pire, ils se laissent complètement enliser dans cet ensemble médiocre. Stephen Dorff est bien à l’image de son rôle, c’est-à-dire fade au possible. Face à lui, la jeune Elle Fanning s’en sort légèrement mieux. Elle est d’ailleurs très touchante, lors de la scène dans la voiture. Autre scène qui m’a vraiment marqué : la dinette sous l’eau, très belle d’un point de vue visuel.

 

L’autre grosse blague à souligner dans Somewhere, c’est bien évidemment les plans de caméra. Encore une fois, on pourrait se poser la question suivante : est-ce que Coppola a fait ce film "au feeling" ? Car plusieurs fois, la caméra s’éloigne pour faire des plans d’ensemble, ou bien elle filme de la voiture de Marco la route sur laquelle il roule. Même la bande originale semble avoir été mal choisie : Gwen Stefani dans une scène de patinage artistique ? Avec ça, Sofia n’est plus hype pour un sou, alors qu’elle avait réussi à allier pop indée et renaissance dans Marie-Antoinette.

 

Au final, beaucoup de pub pour pas grande chose, pour ne pas dire rien du tout. Et quand j’entends dire que la presse a acclamé ce film et que, surtout, il a soufflé le Lion d’Or à Venise à Black Swan, j’ai envie de rire bruyamment. Somewhere, un navet comme seul le cinéma américain indée peut en faire.

 

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