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Gaspard vit une existence sans histoire, avec sa copine Marion, et ses deux meilleurs amis Yann et Ludo. Un jour, Gaspard et Marion trouvent un téléphone portable, dans lequel il y a un message où sont inscrits la date, l’heure et le lieu d’un rendez-vous. Les deux jeunes décident d’y aller, afin d’en avoir le cœur net. C’est là que Gaspard rencontre Audrey, fille fatale aussi belle que fascinante. Débute alors une relation, où le virtuel dépasse bientôt le réel…

 

A l’heure où Internet est devenu un moyen de communication banal, à l’instar du téléphone, Gilles Marchand décide de réaliser un film, où il est justement question de relation virtuelle, mais aussi de tourments adolescents, comme on en a tous connus. Evidemment, je pense que ma génération s’identifiera davantage au personnage de Gaspard, puisque nous sommes les premières "victimes" de ce phénomène passe-partout. L’Autre Monde s’intéresse surtout aux sites de jeux en réseaux (Second Life, si ça vous dit quelque chose), et à son influence… parfois néfaste.

 

On l’a tous ressenti un jour ou l’autre, cette fascination éprouvée face à notre écran, face à cet inconnu qu’on ne connait pas vraiment. C’est alors que le virtuel dépasse peu à peu la réalité, sans qu’on ne s’en rende compte, et quand il s’agit de mêler virtuel et réel, c’est autre chose. Car, tout d’un coup, on retombe sur terre, et on a aussi peur. C’est bien sûr mon ressenti, quant à tout cela. Peut-être ai-je tort, peut-être ai-je raison ? C’est un long débat. Le fait est que Gilles Marchand réussit bien à retranscrire ce sentiment malsain et dangereux, qui règne en permanence sur cet "autre monde".

 

Le film entier est centré sur le personnage principal, et basé sur son point de vue. Une bonne idée en soi, et bien exploitée lorsque Gaspard surfe sur Black Hole. Des gros plans sur son regard sont d’ailleurs faits, afin que le spectateur éprouve les mêmes sentiments que lui. L’acteur qui l’interprète, la belle gueule qu’est Grégoire Leprince-Ringuet, porte sans mal le tout sur ses épaules. Ça aurait pourtant pu être le contraire, car dans un film du genre de L’Autre Monde, le caractère cheap de l’ensemble nuit généralement au reste, le casting entre autres. Quant à Louise Bourgoin, si elle m’avait vraiment horripilé dans Adèle Blanc-Sec, elle s’en tire plutôt bien ici, en livrant une prestation tout en retenue (histoire qu’Audrey reste mystérieuse et fascinante, du début à la fin). Les autres comédiens s’en sortent bien également (on a d’ailleurs eu la surprise de retrouver Pierre Niney, qui avait déjà joué dans LOL – Laughing Out Loud).

 

Le scénario tient la route (sauf le final, qui est tiré par les cheveux), et le mélange entre les plans de la ville de Marseille et ceux du jeu Black Hole sont bien faits. Les graphismes sont également bien travaillés (alors que je craignais justement qu’ils soient trop kitchs). Les différents thèmes abordés sont bien traités, et la bande-son est bonne, parvenant ainsi à rendre le film plus singulier qu’il ne l’est déjà. Il est juste dommage que L’Autre Monde prenne soudain des allures de faux thriller psychologique, durant les minutes qu’il lui reste.

 

Une bonne surprise en cette période estivale. Et pourtant, vu les nombreuses critiques assassines, je m’attendais vraiment à quelque chose de moyen et peu approfondi. Un film qui fera, sans aucun doute, réfléchir sur le virtuel et ses conséquences.

 

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