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Lorsque Benjamín Esposito revient à Buenos Aires, c’est pour affronter ses vieux démons. Ayant débuté un roman sur l’affaire Coloto, dont il a été à la fois témoin et acteur, Benjamín ne peut oublier ce meurtre, survenu il y a vingt-cinq ans. Et il ne peut également oublier l’amour qu’il n’a cessé de porter pour Irene, depuis leur première rencontre…

 

Récompensé en tant que meilleur film étranger aux Oscars (devant Un Prophète et Le Ruban Blanc, quand même), on était en droit de se demander si Dans Ses Yeux n’était pas tout simplement un énième film de bavardages incessants, à l’image de ses concurrents. Et si son intrigue policière n’est finalement qu’un prétexte pour mieux s’attarder sur ses personnages, tous travaillés (à l’exception des deux héros), El Secreto de sus Ojos sait justement intriguer grâce à sa psychologie, qui décrypte finement tous ces êtres, aussi torturés les uns que les autres (et ce pour diverses raisons), et à ses thèmes, assez philosophiques dans leur manière d’être abordés.

 

La passion, la vengeance, le pardon, la justice. Tous ces thèmes sont traités avec beaucoup de recul, parfois avec trop de philosophie. Il suffisait, par exemple, de nous dire simplement que le suspect adorait le foot, et que, du coup, il revenait souvent à Buenos Aires pour voir les matchs, au lieu de disserter pendant dix minutes sur l’Homme et la passion dans son ensemble. C’est en gros un peu ça le principal défaut de Dans Ses Yeux : le film s’éternise inutilement des dialogues, qui pourraient finalement se résumer à quatre ou cinq phrases, si ce n’est moins.

 

Côté acteurs, le film est bien desservi. Pablo Rago, en particulier, parvient à nous faire ressentir tout le désespoir et le désir de vengeance de son personnage, qui est prêt à tout pour obtenir justice. Guillermo Francella, lui, apporte une pointe d’humour inattendue à cet ensemble vraiment sombre dans tous ses aspects. Quant aux deux acteurs principaux, Soledad Vilamil (très belle au passage avec ses longs cheveux bruns) et Ricardo Darin, acteur également très photogénique (et c’est d’ailleurs ça une des forces du cinéma hispanophone : savoir retranscrire à l’écran la beauté de ses vedettes, quelle qu’elle soit), on n’arrive pas tellement à discerner leurs rôles respectifs, ce qui est en somme une faiblesse. Non pas que ces derniers soient dépourvus de talent, bien au contraire. Disons que Benjamín et Irene ne sont pas aussi charismatiques que Ricardo Morales et Pablo Sandoval.

 

El Secreto de sus Ojos, malgré qu’il fût sorti de nulle part lors de son sacrement aux Academy Awards, mérite bien cette notoriété (grandissante au fil du temps), et ce bouche à oreille très positif. Un chef d’œuvre de plus à aligner au rayon hispanique.

 

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