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Nina Sayers est une talentueuse danseuse étoile qui, comme toutes ses comparses, rêve d’incarner la reine des cygnes du célèbre ballet "Le Lac des Cygnes". Selon Thomas Leroy, célèbre chorégraphe français à la réputation de tombeur, elle est parfaite pour le rôle du cygne blanc (douce, fragile, sensible, repliée sur elle-même), tandis que Lily (autre danseuse de la compagnie) a tout du cygne noir (vénéneuse, sensuelle, spontanée, parfois impudique). Leroy choisit pourtant Nina pour jouer le rôle principal, en la mettant toutefois en garde contre sa frigidité…

 

Je ne sais pas par où commencer. A vrai dire, je trouve que Black Swan est un film à la fois impressionnant (dans le sens où c’est incroyable et prenant jusqu’au bout) et mystérieux. Mystérieux, car on a beau avoir aimé le nouveau bijou de Darren Aronofsky (bon, un tantinet moins que Requiem for a Dream, chef d’œuvre magistral du septième art), on n’en continue pas moins de se triturer les méninges après la projection. Car Black Swan n’est pas un simple film à prendre au premier degré, puisqu'il mérite beaucoup de réflexion.

 

Dans son nouveau long-métrage, Aronofsky aborde principalement le thème de l’adolescence. En effet, le personnage principal, Nina (bien qu’elle ait tout de même déjà 28 ans), est en pleine crise existentielle, notamment avec ce rôle du cygne noir, qui s’offre à elle. Ainsi, tout ce qu’il y a autour de l’âge ingrat y passe : l’émancipation, les premiers amours (avec notamment cette fameuse scène lesbienne, qui a fait polémique), ou encore la fascination qu’on éprouve pour certaines personnes. Le réalisateur aborde tout cela avec originalité (le cygne noir, qui représente, en quelque sorte, ce que Nina rêverait à tout prix d’être), avec bon sens, mais aussi de manière très directe (cf. les scènes "chocs"). Il y a aussi ce fameux double, qui suit le personnage en permanence, et qui représente beaucoup de choses à la fois. De ce côté-là, Black Swan est inattendu, car il est vrai qu’on s’attendait à autre chose qu’une simple réflexion psychologique. Mais après tout, c’est ce à quoi Darren nous a habitués depuis ses débuts.

 

Autre élément qui m'a instantanément séduit dans Black Swan : le casting, tout simplement parfait. Chaque acteur devient ainsi son personnage : Mila Kunis est sensuellement sauvage et décadente, Vincent Cassel dangereusement charmant et séduisant. Sans oublier Barbara Hershey, dangereusement surprotectrice. Mais évidemment, la véritable star, c’est Natalie Portman. Elle réussit, à elle seule, à être tant de personnages à la fois, aussi bien la jeune fille secrète et timide, qui ne peut s’échapper de la prison étouffante construite par sa mère, que la femme fatale, dont le machiavélisme est sans bornes, et également la danseuse étoile au pied si fin et si gracieux. C’était un challenge d’incarner ce personnage féminin à la double personnalité, mais Natalie l’a fait, et avec beaucoup de talent et de grâce.

 

Evidemment, Black Swan ne serait également rien sans cette caméra, que Darren Aronofsky manie à merveille. L’introduction du film est d’une pure beauté, de même que la séquence finale. En fait, toutes les scènes de danse sont de purs délices visuels (y compris celles des répétitions). Un art qui passe décidément vraiment bien sur grand écran.

 

Avec Black Swan, Aronofsky ressort gagnant. Le film a tout pour plaire, et aussi tout pour rafler de multiples récompenses. On est, certes, loin de l’incroyablement transcendant Requiem for a Dream, mais celui-là l’est tout autant à sa manière.

 

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