[CINÉMA] Lion

Je continue lentement, mais sûrement, mon « marathon » spécial Oscars 2017. Je sais que la cérémonie a déjà eu lieu, mais j’aime prendre le temps de découvrir les différents films en compétition. Aujourd’hui, Lion de Garth Davis est sous les projecteurs. Ce film nous raconte l’histoire de Saroo, australien d’adoption et « enfant perdu », comme il se surnomme lui-même. Sans être exceptionnel dans sa forme, Lion est à la fois beau et émouvant dans son fond.

C’est simple : je me suis ennuyé durant la première demi-heure et ai bien apprécié le reste. Non pas que l’enfance difficile de Saroo m’ait laissé indifférent, mais le scénario est trop linéaire et, donc, trop attendu dans son dénouement. Il va d’un point A à un point B, rien de plus. Néanmoins, durant la période où le héros est adulte, on a droit à quelques retours en arrière et « fantasmes ». Cela permet d’appuyer son désir de retrouver sa mère et son frère biologiques. Ces éléments soulignent également son repli sur soi progressif. Au grand damne de sa famille adoptive et de sa compagne.

Même si je ne suis jamais allé en Inde, je pense que l’aspect social décrit dans Lion est réaliste. Ce qu’on nous montre est dur à voir et, dans le même temps, incroyable pour des gens comme nous. Incroyable, dans le sens où les enfants ont beau être à la rue, sans domicile fixe, on les laisse de côté et est indifférent à leur sort. Il y a même des sous-entendus, comme quoi certains de ces enfants sont maltraités physiquement. Mais ça n’ira pas plus loin. C’est d’ailleurs le cas de Mantosh, le frère adoptif de Saroo, bien qu’on ne nous dise jamais pourquoi il se montre violent avec sa nouvelle famille. J’ai eu du mal à faire le lien entre ce personnage et la maltraitance infantile, mais après discussion avec ma mère (qui a aussi vu le film), j’ai compris. Après, la question suivante se pose : était-ce la volonté de l’auteur (le vrai Saroo Brierley) de « taire » cet aspect-là ? C’est possible.

En outre, Lion met du temps à démarrer. Parce qu’il faut poser l’histoire et son contexte, puis ce qui fera l’adulte qu’est le personnage principal. Garth Davis choisit ainsi de raconter l’histoire de Saroo d’un point de vue interne. De ce côté-là, c’est judicieux, puisque ça permet d’être à la place du jeune enfant, puis de l’adulte, lorsqu’il se trouve en Inde. Quand il est en Australie, on s’éloigne davantage de ses ressentis et, même si on comprend sa douleur, cette distance de la part de la caméra de Garth Davis peut nous paraître « froide ». J’ai mêmement noté que les couleurs changeaient d’un décor à l’autre : froides pour l’Inde (afin de souligner l’aspect « sale » du pays) et chaudes pour l’Australie (pour montrer qu’il s’agit d’un « paradis terrestre » aux yeux de Saroo). C’est un procédé maintes fois utilisé au cinéma, mais ça fonctionne bien ici.

Concernant le casting, tous les acteurs sont très bien. Je retiens notamment Divian Ladwa (Mantosh), bien que son personnage soit malheureusement trop au second plan. Nicole Kidman est tout en retenue et sobriété dans son rôle de mère, dont on découvre la personnalité complexe au fur et à mesure, à l’image de son autre fils. Ce dernier est incarné par Dev Patel (la révélation de Skins et de Slumdog Millionaire), qui livre un jeu tout aussi « introverti ». On peut également compter sur les talents respectifs de Rooney Mara (Lucy), d’Abhishek Bharate (Guddu, dont l’esprit plane sans cesse sur l’ensemble de l’histoire), de Sunny Pawar (Saroo jeune) et de Tannishtha Chatterjee (la mère biologique de Saroo) pour porter Lion à bout de bras.

Pour terminer ce billet, j’aimerais revenir sur la comparaison avec Slumdog Millionaire. Je n’ai pas revu l’œuvre de Danny Boyle depuis sa sortie en salles, mais j’en garde encore un excellent souvenir, tant elle m’avait pris aux tripes du début à la fin. L’Inde pauvre était alors dépeinte à son paroxysme et il fallait s’accrocher pour tenir le coup. Alors, si on s’en tient au parcours initiatique des deux héros, ils sont effectivement similaires. Mais ça s’arrête là, en ce qui me concerne. Lion et Slumdog Millionaire sont très différents, car les deux réalisateurs ont traité les éléments donnés à leur propre manière. Mais bon, quand il s’agit de marketing, tout est permis !

Pour résumer, si Lion reste un film très académique, il arrive à émouvoir les spectateurs, sans en faire trop pour autant.

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